La punition : tout un sujet !
Quand on parle de punition en éducation canine, on fait souvent un gros amalgame. Certains voient ça comme une nécessité absolue, d’autres comme un tabou à bannir… Pourtant, il existe plusieurs types de punitions, et toutes n'ont pas la même portée ni les mêmes conséquences.
Aujourd'hui, on fait le point sur ce que c'est, comment ça fonctionne, et pourquoi il faut manier ça avec précaution.
Ce sujet étant vaste, je ne pourrais pas le couvrir dans son intégralité. N’hésitez pas, si certains points vous questionnent ou ne sont pas abordés ici à laisser un commentaire, ou à m’envoyer un message.
C’est quoi une punition ?
Dans le langage de l’apprentissage, punir, c’est simplement réduire la fréquence d’un comportement. Autrement dit : faire en sorte qu’un chien ait moins envie ou moins de chances de reproduire un comportement donné.
Cela va donc à l’inverse du renforcement (positif ou négatif) qui cherche à augmenter la probabilité de répétition d’un comportement.
Il existe deux grandes formes de punition :
Comme pour le renforcement, il existe la punition positive et la punition négative. Une nouvelle fois, cela n’a pas de lien avec le fait d’être “mal” pour le négatif et “bien” pour le positif, c’est même le contraire.
La punition positive
“Positive” ici ne veut pas dire “gentille” ou “bienveillante”. Ça veut juste dire qu’on ajoute quelque chose pour faire cesser un comportement.
Quelques exemples concrets pour bien comprendre :
Le collier électrique envoie une décharge lorsque le chien dépasse une zone ou réalise un comportement jugé indésirable.
Le collier à pics provoque une douleur mécanique en tirant sur la laisse.
Les cris ou tapes ont un effet psychologique ou physique désagréable, pour stopper une action.
Le coup de collier (tirage sec et rapide de la laisse) surprend et fait mal pour empêcher le chien de tirer en laisse.
🛑 Pourquoi on évite ça aujourd’hui ?
Parce qu’on sait que ces méthodes génèrent du stress, de la peur, dégradent la relation humain/chien et peuvent entraîner des comportements secondaires bien plus graves (agressivité, anxiété, inhibition…).
De plus, elles ne traitent JAMAIS la cause du comportement.
🛑 Attention ! La caresse peut être considérée comme une punition positive pour certains chiens.
Pour certains chiens, notamment ceux qui sont anxieux, craintifs ou simplement peu tactiles (mowgli par exemple ;) ), une caresse peut être perçue comme une intrusion ou une gêne. Dans ces cas-là, si elle intervient après un comportement que l’on voulait renforcer, elle peut au contraire agir comme une punition positive.
Exemple : ton chien revient vers toi et tu le caresses alors qu’il n’apprécie pas ça → la prochaine fois, il pourrait hésiter à revenir car, en pensant le renforcer, tu l’as en fait puni.
La punition négative
Négative ici veut dire qu’on retire quelque chose que le chien souhaite pour diminuer un comportement.
Quelques exemples à nouveau :
Un chien saute pour dire bonjour → on se détourne et on lui retire notre attention.
Il aboie pour avoir un jouet → on garde le jouet tant qu’il aboie.
Il devient trop brusque → on stoppe le jeu
Il commence à vous mordiller pendant des câlins (s’il les aime bien sur) → on arrête les caresses
Cette forme de punition est bien plus intéressante et peut être utilisée intelligemment car elle ne repose pas sur la douleur ou la peur, mais sur un apprentissage par expérience.
Le but n’est pas de le frustrer gratuitement, mais de lui faire comprendre, sans brutalité, que certains comportements ne permettent pas d’obtenir ce qu’il veut.
Alors comment bien utiliser la punition négative, sans nuire à la relation avec son chien ?
Le problème, c’est que mal utilisée, la punition négative peut vite devenir incohérente ou nuire à la relation.
- Si le chien ne comprend pas ce qu’on lui reproche, il risque d’être perdu et de stresser.
- Si on retire trop souvent ou de manière injustifiée des ressources qu’il apprécie, il peut développer de l’insécurité ou de la frustration.
- Si la punition dure plus de 2-3 minutes (dans le cas d’une exclusion du cercle social), il ne fera plus le lien entre son isolement et le comportement que l’on chercher à supprimer.
D’où l’importance de respecter certains principes.
Toujours identifier le comportement que l’on veut réduire : On ne punit pas “le chien” mais une action précise. Il faut donc comprendre pourquoi le comportement se produit avant de sanctionner.
Timing impeccable, agir immédiatement au déclenchement du comportement, ne pas faire durer la punition au delà de quelques minutes. Sinon, le chien ne fera pas le lien, il y aura incompréhension, frustration.
Rester cohérent. Si un jour il saute et qu’on lui retire l’attention, et le lendemain on le caresse en sautant, il ne peut pas comprendre.
Proposer une alternative. C’est LA clé. Exemple : Le chien aboie pour attirer l’attention → je me détourne et l’ignore (punition négative) → dès qu’il se tait et se calme, je me retourne vers lui et je l’appelle pour lui proposer un contact ou un jeu (comportement alternatif récompensé).
Ne jamais utiliser la punition négative sur des comportements liés à la peur ou à l’anxiété.
Exemple : un chien qui aboie de peur en promenade → si on raccourcit la balade ou qu’on ignore systématiquement son stress, on aggrave son malaise.
Ce qu’il faut retenir :
✔ La punition négative peut être un outil utile et doux
✔ À condition d’être bien comprise, ponctuelle et toujours accompagnée d’une solution de remplacement
✔ Le chien doit rester acteur et comprendre ce qu’on attend de lui
✔ Jamais sur des comportements liés à la peur ou au mal-être
Et le fameux "NON", alors ?
Le mot "NON" est souvent utilisé à tort et à travers dans l’éducation canine. Pourtant, il n’a de valeur éducative que si le chien en connaît le sens… et surtout s’il est utilisé de manière cohérente.
Dire "NON" sans jamais apprendre au chien ce que l’on attend de lui à la place revient un peu à pisser dans un violon en espérant faire de la musique.
Dans ma pratique, le "NON" est la seule punition positive que j’accepte et utilise, mais sous conditions strictes.
Pour que ce soit éducatif et juste :
Le ton du "NON" est ferme, mais pas crié.
On essaie de laisser les émotions de côté et de rester factuel. Le but n'est pas d’effrayer le chien, mais de lui envoyer un signal clair et constant.Le chien doit connaître le "OUI" qui va avec chaque "NON" utilisé.
Par exemple, si je dis "NON" quand il descend du trottoir, il faut qu’il sache quel comportement est attendu à la place. Ici, il aura appris l’ordre "trottoir" en amont pour comprendre ce qu’on lui demande.Le "NON" doit être placé au moment précis où le comportement commence.
Dans l’exemple précédent, le "NON" sera prononcé dès qu’une patte franchit la bordure, et pas une fois le chien sur la chaussée.Le "NON" doit toujours être suivi d’une redirection vers un comportement acceptable, qui sera renforcé positivement avec un "OUI", une récompense ou une interaction agréable.
Toujours dans le même exemple : "NON ! trottoir !" pour le rediriger, puis "oui !" lorsqu’il a à nouveau les quatre pattes sur le trottoir.
C'est cette mécanique d'interruption + redirection + renforcement positif qui permet au chien de comprendre et de progresser sans fragiliser la relation.
Conclusion :
Punir, ce n’est pas forcément être violent ou brutal.
Il faut surtout comprendre ce qu’on fait, pourquoi et dans quel but.
Et souvent… la meilleure solution, c’est de renforcer un bon comportement alternatif.
Pourquoi en parler ?
Déjà, parce que c’est une question qui revient quasiment systématiquement lors de mes Bilans éducatifs ou comportementales.
C’est une question que beaucoup de propriétaire se posent, alors pourquoi pas essayer d’y apporter ma propre réponse ?
Mais aussi, parce qu’en tant que professionnel et humain responsable, il est essentiel de comprendre ce qu’on fait, pourquoi on le fait et quelles en sont les conséquences.
Oui, il existe des façons d’ajuster un comportement sans violence, sans douleur et sans stress inutile.
La punition positive fait encore partie des usages dans certains milieux (par méconnaissance ou croyance), mais elle est de plus en plus rejetée dans une approche moderne et respectueuse. Plus nous en parlerons, plus les choses iront dans le bon sens.
N’hésitez pas à me partager vos avis et question sur cette problématique.